Pourquoi le plein emploi entraînerait-il de l’inflation ?
On observait dans le passé que le retour au plein emploi conduisait au retour de l’inflation, avec une accélération des coûts salariaux (c’est la courbe de Phillips). Mais pourquoi le retour au plein emploi entraînerait-il nécessairement de l’inflation ? On pense d’habitude q ue, lorsqu’il y a plein emploi, les entreprises augmentent les salaires pour essayer d’attirer de nouveaux salariés. Mais il s’agit d’un équilibre non-coopératif entre les entreprises : chaque entreprise essaie d’attirer chez elle les salariés des autres entreprises en montant ses salaires ; mais, à l’équilibre, toutes les entreprises ayant le même comportement, il y a seulement hausse généralisée des salaires sans transfert d’emploi ; les entreprises payent seulement plus cher leurs salariés sans en avoir attiré d’autres. Pour éviter cette hausse inutile des coûts salariaux, les entreprises peuvent passer à un équilibre coopératif entre elles où elles ne mon t ent pas les salaires, même au plein emploi, et n’essaient pas d’attirer les salarié s des autres entreprises ; même si l’équilibre non-coopératif persiste et si les coûts salariaux accélèrent au plein emploi, si la concurrence sur les marchés des biens et services est forte, les entreprises ne peuvent pas augmenter leurs prix et, au lieu qu’il y ait inflation il y a écrasement des marges bénéficiaires. Dans la période récente, aux Etats-Unis et dans la zone euro, on observe : aux Etats-Unis une faible accélération des salaires et pas d’accélération du coût salarial ; dans la zone euro une faible accélération du coût salarial qui n’entraîne pas d’accélération des prix.