QATAR : Vers la levée du blocus du Conseil de Coopération du Golfe
Le 5 janvier 2021, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a tenu son sommet annuel à Al-Ula, en Arabie saoudite, avec la participation spéciale de l ’ émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Trois ans et demi après le début de l ’ embargo décrété par le CCG (Arabie saoudite, É mirats Arabes Unis et Bahreïn) associé à l ’ É gypte à l ’ encontre du Qatar, les partenaires aux relations tendues semblent être prêts à une réconciliation - clairement une bonne nouvelle qui conduirait à apaiser les tensions dans la région. Cette décision du CCG visant à sortir de l ’ impasse diplomatique et à lever le blocus économique en cours à l ’ encontre du Qatar (depuis juin 2017) – ce dernier pays étant accusé de financer des groupes terroristes et d ’ entretenir des liens étroits avec le rival régional des sunnite s , l ’ Iran – intervient au moment où une inflexion de la politique étrangère américaine dans la région est attendue, notamment concernant l ’ Iran, avec l ’ arrivée de la nouvelle administration Biden . En effet, le nouvel exécutif américain a d ’ ores et déjà évoqué une possible réouverture des pourparlers avec l ’ Iran sur la question du nucléaire. A la tête de la coalition anti-Qatar, le Royaume d ’ Arabie saoudite a été le premier à agir dans le sens de la levée de l ’ embargo, en ouvrant ses frontières aériennes, terrestres et maritimes avec le Qatar le 4 janvier, une décision suivie à la fois par Bahreïn, les EAU et l ’ É gypte. Le sommet du CCG s ’ est conclu par la signature d ’ un accord de « solidarité et de stabilité », les autres membres du Conseil, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ayant affiché leur position prudente concernant une éventuelle normalisation. Dans ce contexte, l ’ Égypte et le Qatar ont convenu le 20 janvier dernier de rétablir leurs relations diplomatiques, faisant un pas de plus vers la fin du blocus. Cependant, le Qatar ne semble pas pressé de normaliser ses relations avec s es voisins . Contre toute attente, son économie a incroyablement bien résist é à l ’ embargo régional . Après le soutien initial de ses principaux partenaires, la Turquie et l ’ Iran, alors qu ’ il était tributaire de l ’ énergie, le pays est parvenu à se diversifier au point de s ’ affranchir politique ment . Après -1,5% en 2017, la croissance du Qatar a atteint respectivement 1,2% et 0,8% en 2018 et 2019. En 2020, elle devrait mieux résister que celle des autres pays de la région , à 4,5% (contre respectivement -5,4% et -6,6% pour l ’ Arabie saoudite et les EAU) , a u double choc d e la Covid-19 et de la faiblesse des prix de l ’ énergie, puis devrait rebondir à 2,5% et 3,9% en 2021 et 2022. Les discussions et les négociations laissant espérer une fin prochaine des tensions entre le CCG et le Qatar contribuent à améliorer un peu plus les perspectives géopolitiques concernant 2021 dans la région du Golfe.