Quand peut-on espérer qu’il y ait neutralité ricardienne ? L’exemple de la France
Dans un pays comme la France où le poids des dépenses publiques est beaucoup plus élevé que dans les autres pays de la zone euro, on peut espérer qu’il y ait neutralité ricardienne, c’est-à -dire qu’une baisse des dépenses publiques conduise à une hausse de la dépense privée et donc n’ai t pas d’effet sur la demande totale et sur la croissance. Les dépenses publiques de retraite sont très élevées en France : une baisse de la générosité du système de retraite, certes entraîne une baisse de la pression fiscale, mais elle conduit les ménages à épargner davantage si elle vient de la baisse du niveau des retraites : la baisse de la pression fiscale finance alors de l’épargne et pas de la dépense privée. Au contraire, si la baisse de la générosité du système de retraite vient du report de l’âge de la retraite, il y a normalement neutralité ricardienne. On peut aussi envisager la présence de la neutralité ricardienne quand il y a un service privé qui remplace le service public : si on diminue la dépense publique de santé ou d’éducation, la baisse de la pression fiscale sera probablement utilisée pour financer une hausse de la dépense privée de santé ou d’éducation. Mais la France n’envisage pas de réduire ses dépenses de santé ou d’éducation , alors qu e dans le cadre de la réforme des retraites initiée avant la crise du coronavirus, la réduction des dépenses publiques de retraite était envisagée . Il ne faut donc espérer au total un effet de neutralité ricardienne que si la baisse des dépenses publiques de retraite vient d’un âge plus tardif de départ à la retraite.