Qu’appelle-t-on la « japonisation de l’économie » ?
La « japonisation de l ’ économie  » correspond normalement à trois évolutions : le vieillissement démographique, qui entraîne normalement l’inflation et la baisse de l’épargne ; au Japon, il n’y a pas eu d’inflation en raison de la flexibilisation du marché du travail ; il y a bien eu baisse de l’épargne des ménages, mais pas du tout des entreprises ; la déformation importante du partage des revenus au détriment des salariés, qui entraîne d’une part la faiblesse des hausses des coûts salariaux et l’absence d’inflation, d’autre part l ’ excès d ’ épargne des entreprises et donc la nécessité d ’ avoir un déficit public permanent, d ’ où la hausse considérable de l ’ endettement public au Japon  ; une contrainte forte sur la politique monétaire, la Banque Centrale devant maintenir des taux d ’ intérêt à court terme et à long terme nuls en raison de l ’ augmentation de l ’ endettement public. Va-t-il y avoir japonisation de l ’ économie de la zone euro  ? il va y avoir vieillissement démographique, mais il pourrait être inflationniste, car la flexibilisation des marchés du travail a déjà été réalisée dans la zone euro  ; la déformation du partage des revenus au détriment des salariés est beaucoup moins violente qu’au Japon, et elle ne devrait pas faire apparaître une situation de fort excès d ’ épargne des entreprises  ; la contrainte sur la Banque Centrale en raison du niveau de l ’ endettement public existe comme au Japon  ; elle risque cependant d ’ être plus compliquée dans la zone euro qu ’ au Japon. D ’ une part, la mobilité des capitaux est plus forte dans la zone euro, il n ’ y a pas comme au Japon de « nationalisme financier  » : des taux d ’ intérêt nuls risquant de provoquer de fortes sorties de capitaux. D ’ autre part, si l ’ inflation se normalise, la BCE devrait maintenir des taux d ’ intérêt réels à long terme négatifs, d ’ où un besoin d ’ achat de titres publics plus important encore qu ’ au Japon où, l ’ inflation étant nulle le plus souvent, il suffit que les taux d ’ intérêt réels à long terme soient nuls .