Que faut-il ou que peut-on relocaliser ? L’exemple de la France
On parle souvent de relocalisations après la crise du Covid. Mais, nous regardons le cas de la France, faut-il s’attendre à des relocalisations massives ? Nous ne le croyons pas. En effet : la dégradation du commerce extérieur de la France se situe vis-à -vis des pays développés de l’OCDE et pas vis-à -vis des pays émergents. Il n’y a donc pas eu de délocalisations anormales de la France vers les pays émergents, mais il y a déficience de la compétitivité-coût et non coût de la France vis-à -vis des pays de l’OCDE, ce qui rend peu efficace la relocalisation en France ; les entreprises s’inquiètent de la fragilité des chaînes de valeur globales, certains composants étant fabriqués par un nombre de plus en plus faible de sous-traitants. Il y a donc bien une tendance à la régionalisation des chaînes de valeur, m ais si une chaîne de valeur européenne est développée la faible compétitivité de la France vue plus haut ne permet pas d’espérer de fortes implantations en France ; les coûts de production sont beaucoup plus élevés en France que dans les pays émergents et relocaliser depuis les émergents réduit donc le pouvoir d’achat ; la stratégie de développement de la France est de monter en gamme, pas de relocaliser des productions bas de gamme réalisées aujourd’hui dans les pays émergents ; s’il s’agit cependant de productions jugées stratégiques par l’Etat, il faut qu’il soit prêt à accepter cette descente en gamme et des coûts de production plus élevés, donc la nécessité de subventionner perpétuellement ces productions ; enfin, il y a souvent rendements d’échelle croissants : plus la production est de grande taille, plus elle est compétitive. Relocaliser une faible fraction des besoins du pays (ou de l’Europe) n’a donc pas de sens. Au total, au-delà de ce qui est réellement stratégique et peut être durablement subventionné, les relocalisations devraient être limitées à des produits haut de gamme (on a vu qu’il n’y avait pas eu de délocalisations anormales vers les pays émergents) pour lesquels la France est compétitive et pour lesquels une taille de production suffisante pour profiter des rendements d’échelle croissant s peut être atteinte. Ceci ne conduit sans doute pas à une longue liste de relocalisations.