Que penser de la critique de la BCE par les anciens banquiers centraux ?
Plusieurs banquiers centraux (O. Issing , J. Starck, K. Lie bscher , H. Schlesinger, H. Hannoun , N. Wellink ) ont écrit en se ptembre 2019 un manifeste très critique de l’action de la BCE. Leurs arguments sont : « la BCE justifie sa politique par la menace de déflation. Cependant, il n’y a jamais eu de risque de spirale déflationniste » ; « la BCE protège les gouvernements lourdement endettés contre une hausse des taux d’intérêt ; la BCE est déjà entrée dans une financement monétaire des dépenses gouvernementales, ce qui est interdit par les traités européens ». Que penser de ces arguments ? Il n’y a effectivement pas de risque déflationniste. Ceci pose une question qui est celle de la transparence : la BCE continue à expliquer qu’elle veut redresser l’inflation, alors que ce n’est probablement pas son véritable objectif. C’est bien en achetant des dettes publiques contre création monétaire que la BCE a rétabli la solvabilité budgétaire des pays de la zone euro et évite aujourd’hui qu’il y ait une nouvelle crise des dettes publiques en faisant baisser les taux d’intérêt à long terme. La question n’est pas de savoir si c’est autorisé ou pas, c’est de savoir ce qui pèse le plus : l’avantage qu’il y a à avoir des taux d’intérêt très bas (solvabilité budgétaire de tous les Etats) ou les inconvénients des taux d’intérêt très bas (affaiblissement des intermédiaires financiers, bulles, sorties de capitaux, taxation des épargnants). On ne peut pas rejeter par principe, comme le font les anciens banquiers centraux, la monétisation des dettes publiques ; il faut savoir, d’un point de vue empirique , si ce qu’elle apporte (la disparition des crises de la dette publique) l’emporte sur ses coûts.