Que peut-il se passer s’il y a forte hausse des salaires ?
Certains candidats à l’élection présidentielle d’avril 2022 en France ont propos é une très forte hausse des bas sal aires, ce qui , compte tenu de la structure des salaires en France, conduirait à une forte hausse de pratiquement l’ensemble des salaires. Il est alors intéressant de s’interroger sur les effets possibles d’une forte hausse des salaires. 1. S’il y a forte hausse parallèle des prix, les salaires réels ne varient pas, et il y a seulement dégradation de la compétitivité-prix vis-à-vis des autres pays, qui ne peut plu s , avec l’euro, être compensée par une dé préci ation du taux de change . 2. Si les prix ne varient pas (par exemple en raison de la concurrence étrangère), il faut distinguer l’équilibre de court terme (keynésien) et l’équilibre de long terme (de plein emploi). À court terme, il y a hausse de la consommation, de l’emploi et de la production avec une faible baisse des profits et sans baisse nécessaire de l’investissement. À long terme, il y a hausse de la consommation, et forte baisse des profits et de l’investissement. S’il n’y a pas de hausse de l’investissement à court terme, il n’y a pas non plus de hausse de la croissance potentielle à long terme. 3. Il est possible que les prix ne puissent pas bouger dans le secteur exposé à la concurrence étrangère (industrie, services exposés à la concurrence) et qu’ils montent dans le secteur qui n’est pas exposé à la concurrence étrangère. Il y aurait alors « maladie hollandaise » : la profitabilité baisserait dans les secteurs exposés à la concur rence étrangère et pas dans les autres, et le capital se déplacerait donc vers les secteurs non exposés à la concurrence. 4. Dans une économie ouverte en union monétaire, pour qu’une forte hausse des salaires soit favorable, il faudrait donc : qu’elle n’entraîne pas de hausse des prix, même dans le secteur protégé de la concurrence (sinon il y a maladie hollandaise) ; que la hausse de la consommation à court terme entraîne une hausse de l’investissement, qui augmente la production potentielle à long terme, malgré la baisse des profits. Que ces deux conditions soient remplies est assez improbable. Il reste une troisième possibilité : que la hausse des salaires entraîne une hausse de l’offre de travail qui augmente la production potentielle à long terme.