Quelle est la technique la plus intelligente pour lisser la consommation ?
Dans une récession, la production (le PIB) recule et, pour éviter une forte perte de bien-être, il faut lisser la consommation, pour qu’elle ne recule pas autant que la production. Mais comment lisser la consommation ? La question est particulièrement importante en 2020 avec la crise de la Covid : la première possibilité est que les ménages s’endettent pendant les récessions et remboursent cette dette dans les périodes d’expansion (les ménages ont une vie finie et doivent rembourser leurs dettes) ; le problème est une imperfection financière : les ménages n’ont pas accès à une capacité d’endettement suffisante pour réaliser ce type de lissage de la consommation, les banques hésitent à prêter aux ménages dans les récessions ; la deuxième possibilité est que l’État s’endette, transfère du revenu aux ménages puis plus tard se désendette en taxant les ménages ; mais ici aussi il y a problème, et les États peuvent être confrontés à des difficultés pour accro î tre beaucoup leur endettement (d’où hausse des taux d ’ intérêt à long terme, effet d’éviction) ; la troisième possibilité est alors que la Banque Centrale distribue de la monnaie aux ménages pendant la récession, ce qui a été fait en 2020 ( helicopter money, équivalent à la monétisation des déficits publics qui viennent des transferts aux ménages). La question compliquée est alors ce qui se passe après la récession : soit la Banque Centrale reprend cette monnaie (en vendant des obligations), ce qui affaiblit la consommation comme lorsque l’État taxe ; soit la Banque Centrale ne reprend pas cette monnaie (normalement, l’helicopter money n’est pas une dette des ménages pour être efficace). Mais il appara î t alors une autre forme de taxe des ménages après la récession : soit la taxe inflationniste, soit la taxation des acheteurs d’actifs financiers ou immobiliers par la hausse des prix de ces actifs. Dans tous les cas, le lissage de la consommation est bien un lissage : il y a soutien de la consommation pendant la récession, puis prélèvement sur la consommation après la récession.