Quelle politique de la concurrence en Europe ?
On entend parfois deux affirmations totalement contradictoires : que les autorités de la concurrence ont laissé réapparaître aux Etats-Unis la concentration des entreprises et les entreprises avec des positions dominantes, et que cela est très mauvais pour l’économie américaine (stérilisation de l’innovation, freinage de la productivité) ; qu’il faut qu’en Europe les autorités de la concurrence favorisent l’apparition de « champions européens » de grande taille, capables de lutter avec leurs concurrents a méricains ou c hinois, et ayant donc nécessairement une position dominante sur le marché européen. Comment sort-on de la contradiction entre ces deux affirmations ? Probablement, en regardant les rendements d’échelle : dans un secteur « normal » à rendements d’échelle décroissants, la taille n’améliore pas l’efficacité, elle fait simplement apparaître des rentes d’oligopole. Il faut alors lutter contre la concentration et c a sser les monopoles ; les grandes entreprises étrangères ne sont pas dangereuses car elles sont inefficaces ; dans un secteur « nouveau » à rendements d’échelle croissants, il y a monopole naturel : il faut laisser se constituer une grande entreprise européenne, sinon les grandes entreprises étrangères domineront le marché européen ; mais il faut réguler cette entreprise pour limiter ses rentes de monopole, vérifier qu’elle investit suffisamment. Les autorités de la concurrence ont donc à faire le travail complexe de déterminer, dans chaque secteur, si les rendements d’échelle sont croissants ou décroissants.