Quelles coalitions entre les salariés, les consommateurs, les emprunteurs et les actionnaires ?
Les économies des pays de l’OCDE sont caractérisées depuis la seconde moitié des années 1990 par la déformation du partage des revenus au détriment des salariés. Cette évolution résulte en fait de la constitution d’une coalition entre les consommateurs, les emprunteurs et les actionnaires, dont les intérêts ont été alignés. La déformation du partage des revenus au détriment des salariés, en effet : est favorable aux actionnaires en faisant monter la profitabilité des entreprises et la rentabilité du capital ; est favorable aux consommateurs, en faisant baisser les prix avec la faiblesse des salaires ; est favorable aux emprunteurs, puisque la faiblesse de l’inflation a conduit à celle des taux d’intérêt. On souhaite aujourd’hui communément une organisation de l’économie plus favorable aux salariés. Mais il faut alors comprendre : qu’elle ne sera pas seulement défavorable aux actionnaires, mais aussi aux consommateurs et aux emprunteurs ; que chaque salarié sera pris dans une contradiction , avec le souhait d’un salaire plus élevé, mais aussi la crainte de prix et de taux d’intérêt plus élevés et, s’il est actionnaire, du recul des cours boursiers. La robustesse de l’équilibre présent vient de la solidité de la coalition entre les trois parties : consommateurs, actionnaires, emprunteurs.