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Patrick Artus

Quelles préconisations de politique économique après la crise du Covid ?

Nous allons illustrer notre analyse par le cas de la France, mais elle s’applique à tous les pays de l’OCDE. Quels devraient être les objectifs de la politique économique après la crise du Covid ? S outenir les catégories les plus touchées par la crise : les jeunes, les personnes les plus fragiles (salariés avec des contrats de travail cour t s, indépendants) ; un soutien aux créations d’emplois ciblées sur ces catégories est indispensable, peut-être un revenu universel au-delà de la prime d’activité ; aider les entreprises à se développer malgré la hausse forte de leur endettement et le recul de leurs résultats : transformation de la dette supplémentaire des entreprises en quasi-fonds propres, baisse des impôts qui créent des distorsions (cotisations sociales sur les bas salaires, impôts de production) ; faciliter la mutation des emplois des secteurs qui seront les plus durablement touchés par la crise vers les secteurs qui ont résisté à la crise et se développent après la crise : financer un plan massif de requalification, développer les formations scientifiques ; attirer des jeunes qualifiés vers des emplois aujourd’hui dévalorisés et mal payés (santé, éducation) ; bien réfléchir aux relocalisations : il est inefficace de relocaliser des activités qui restent en bas de gamme, il faut limiter les relocalisations au haut de gamme et à ce qui peut être produit de manière plus automatisée que dans les pays émergents ; corriger l’instabilité financière qui va venir de la politique monétaire très expansionniste (bulles immobilières…), par un emploi plus actif de s politiques macroprudentielles (ratios prudentiels des banques, loan-to-value ratios, taxation des plus-values en capital à court terme). Le défi est bien sûr que la plupart de ces politiques génèrent un coût pour les finances publiques : aides aux créations d’emplois, revenu universel pour les personnes au statut économique fragile, baisse des impôts des entreprises, formation, hausse des salaires dans la santé et l’éducation, soutien aux relocalisations. On peut parler d’économies sur les dépenses publiques moins utiles, mais on sait que dans une situation de sous-emploi elles sont très difficiles à mettre en place. Il en est de même pour la hausse de la pression fiscale, car on ne veut pas répéter l’expérience malheureuse de la période post crise des subprimes. Il reste alors comme seule piste le maintien d’un déficit public important dans un environnement de taux d’intérêt bas et d’achats de dettes publiques par la BCE avec deux espoirs : une mutualisation du financement d’une partie de ces dépenses publiques nouvelles par l’Europe ; un effet positif important sur l’activité de certaines de ces politiques (avec des créations d’emplois, des relocalisations ciblées, l’amélioration des bilans des entreprises…).
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Natixis
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Patrick Artus

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