Quelles sont les limites au rôle de l’État ?
On demande beaucoup aujourd ’ hui à l’État, particulièrement en Europe : dépenser davantage dans l’éducation, la santé, la recherche, la défense, la justice, le soutien du pouvoir d’achat… ; participer aux investissements de transition énergétique, et à d’autres investissements en infrastructure s , en réindustrialisation, qui sont des investissements à long terme et de rentabilité assez faible, difficiles à réaliser pour le secteur privé ; donner sa garantie à une partie croissante de l’épargne des ménages, puisque les ménages d ésir ent avoir une épargne liquide et peu risquée, et que les besoins de financement de l’économie sont surtout à long terme et risqués. On voit donc apparaître un modèle où l’État aurait des dépenses publiques de plus en plus élevées, cofinancerait avec le secteur privé un nombre croissant d’investissement s , donnerait sa garantie à une fraction de plus en plus importante de l’épargne . Mais ce modèle est-il réaliste, même s’il est fortement réclamé ? Sans une hausse notable de la croissance potentielle, augmenter les dépenses publiques et les investissements publics ne peut pas se faire sans une hausse parallèle des impôts ; la société accepte-t-elle cette hausse des impôts ? On avance parfois que les investissements publics nouveaux et certaines dépenses publiques nouvelles (éducation, recherche…) vont augmenter la croissance potentielle ; mais il faut rappeler que les investissements dans la transition énergétique, s’ils réduisent les émissions de CO 2 , n’accroissent pas la production potentielle et il se pose de plus la question de la capacité de l’État à choisir les bons investissements ; enfin , l’État n’a pas la capacité à prendre tous les risques ; si ces risques se réalisent, il faudra qu’il se refinance, donc qu’il augmente les impôts, et donc il rend alors les risques aux autres agents économiques. Quel modèle faut-il alors mettre en place ? Une pression fiscale plus forte finan çant les dépenses et investissements supplémentaires ? Des incitations poussant les ménages à prendre directement davantage de risques ?