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Patrick Artus

Quels arguments y a-t-il pour limiter les déficits publics et les endettements publics des pays de la zone euro ?

Jusqu’à la crise de la Covid, les pays de la zone euro avaient accepté des règles budgétaires strictes : limitation du déficit public à 3% du PIB, du déficit public structurel à 0,5% du PIB, retour nécessaire du taux d’endettement public vers 60% du PIB. La crise a fait disparaître ces règles, mais faut-il les réinstaller après la crise ? Il faut se demander s’il y a des arguments sérieux en faveur de la limitation des déficits publics et des dettes publiques. L’argument traditionnellement utilisé est celui d’externalité négative : si un pays a un déficit public excessif, ceci fait monter les taux d’intérêt sur l’euro, donc les taux d’intérêt des autres pays ; cet argument n’a aucun sens : c’est la prime de risque souverain du pays qui augmente. Un autre argument est qu’un pays de la zone euro qui a un déficit public excessif finit par connaître une crise de la dette, ce qui force les autres pays à le sécuriser, d’où une autre forme d’externalité négative. En fait, la crise qui se déclenche est une crise de balance des paiements : il faut distinguer entre un déficit public qui est contrepartie d’un excès d’épargne domestique et un déficit public qui conduit à l’endettement extérieur (comme en Grèce jusqu’en 2012) . Un troisième argument est que si l’endettement public est excessif, il conduit à une hausse des taux d’intérêt à long terme des pays concernés, et que ceci force la BCE à intervenir par l’achat des dettes publiques et la création monétaire : les règles budgétaires éviteraient la « dominance fiscale », la contrainte pour la politique monétaire d’assurer la solvabilité budgétaire. Mais si l’endettement public, même élevé, est contrepartie d’un excès d’épargne domestique, il n’y a pas de raison qu’il fasse monter les taux d’intérêt à long terme. Finalement, on peut légitimement demander si ce n’est pas d’une règle d’équilibre extérieur et non d’une règle budgétaire dont les pays de la zone euro ont besoin. Eviter l’endettement extérieur excessif évite les crises de balance des paiements et la hausse des taux d’intérêt à long terme en cas de déficit public élevé. Evidemment, cela suppose qu’on renonce à croire à une forte mobilité des capitaux entre les pays de la zone euro qui permettrait de conserver durablement un déficit extérieur.
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