Qu’est-ce qui pourrait empêcher qu’un autre modèle économique apparaisse en Europe après la crise du coronavirus ?
Les économistes, les intellectuels, les hommes politiques parlent du passage en Europe à un autre modèle économique après la crise du coronavirus, passage dont ils espèrent qu’il aura lieu. Après la crise, l’Europe s’occuperait davantage du long terme (santé, éducation, formation, investissements d’avenir, climat), se poserait la question des industries stratégiques qu’il ne faut pas délocaliser, valoriserait davantage les professions qui se sont révélées être indispensables (santé, transport, distribution, sécurité, agro-alimentaire…). Mais il faut aussi se demander ce qui pourrait empêcher que cette transition vers un autre modèle économique ait lieu. Il pourrait s’agir : de l’impossibilité où seraient les Etats européens de financer les dépenses publiques nécessaires , surtout si les financements mutualisés européens ne sont pas de taille suffisante ; de l’attrait persistant pour la fabrication dans les pays émergents, moins chère nettement que celle en Europe ; de l’exigence très élevée de rentabilité du capital pour l’actionnaire des entreprises, qui l es pousse à délocaliser, et les empêche de réaliser des investissements dont la rentabilité se situe à long terme ; de la dégradation de la situation financière des entreprises (pertes pendant la crise, hausse du taux d’endettement) qui les pousserait à rejeter de nouvelles contraintes (environnementales et climatiques, relocalisation des productions, hausses de certains salaires…) et à réduire leurs investissements.