Retail & Consumers : Focus sur les croisiéristes : l’enjeu des règles IMO 2020

Le marché des croisières est en fort développement et progresse de 4% à 5% par an, boosté par le développement de nouvelles capacités, un taux de pénétration encore faible sur le marché des vacances, et un rapport qualité prix attractif par rapport aux autres types de vacances. La mise en place des nouvelles règles Marpol (annexe VI) édictées par l’International Maritime Office (IMO) va bouleverser les marchés du shipping et des croisières à partir de janvier 2020. La principale mesure impose la réduction des émissions de sulfures de 3,5% à 0,5%. Certains intervenants doutent encore de la mise en œuvre effective de l’annexe VI à cette date et de ce fait les contrats futurs ne reflètent pas complètement l’effet de l’application de IMO 2020 sur les cours des différents carburants. Cette nouvelle contrainte laisse trois options aux croisiéristes : 1/ l’utilisation d’un carburant moins polluant mais plus cher (MGO ou ULSFO), 2/ l’utilisation de systèmes de filtration des émissions ou scrubbers, qui éliminent une grande partie des sulfures et des particules tout en brûlant toujours du carburant à forte teneur en soufre (HSFO), 3/ le développement du gaz naturel liquéfié, plutôt réservé aux nouveaux navires. Tant les croisiéristes que la flotte marchande ou les raffineurs sont pris de court et n’auront pas le temps de s’adapter complètement à la nouvelle donne du marché. Il devrait en résulter une forte demande en MGO et ULSFO à partir de 2020 et une baisse de la demande de HSFO avec un écartement du spread HSFO/MGO assez marqué (sans doute 450$ contre 290$ aujourd’hui). La période d’adaptation pourrait durer deux ans. L’option privilégiée par les croisiéristes est l’installation de scrubbers qui va permettre de bénéficier du carburant HSFO le moins cher. Toutefois, toutes les flottes ne pourront pas être entièrement équipées avant 2020 et les meilleures marges obtenues grâce aux scrubbers seront sans doute partiellement compensées par la consommation de MGO sur le reste de la flotte. Il semble peu probable à ce stade que la marge supplémentaire réalisée grâce aux scrubbers puisse être réinvestie dans les prix de vente par soucis concurrentiel. La tendance actuelle va davantage vers une maximisation des marges et des cash-flows, ce qui pourrait à terme (2021) avoir une incidence positive sur les notations des grands acteurs du secteur.