Virage de la défense européen : une opportunité pour la France ?
La France est la 7 e puissance militaire mondiale et le 2 e exportateur d’armement au monde, néanmoins loin derrière les Etats-Unis. En 2024, sur un budget total du ministère des Armées de 58,7 Md s €, 56,8 Md s € étaient alloués à la mission « défense », dont 9,5 Md s € pour les pensions (retraite et invalidité). La loi de programmation militaire 2024-2030 a fixé un objectif de budget pour la mission « défense » à 100 Md s € en 2029, soit 3 % du PIB contre 2,1% actuellement. Le virage de la défense européen peut-il bénéficier à l’économie française ? L’Allemagne, premier partenaire commercial de la France, a voté un paquet législatif à 1 000 Mds € sur 10 ans (cf. special report ) comprenant notamment l’exemption du frein à la dette pour toutes dépenses de défense dépassant 1% du PIB. Néanmoins, l’Allemagne n’a représenté que 0,4% des exportations d’armement françaises entre 2010 et 2024 (6,1% des importations d’armement allemandes, soit son 3 e fournisseur, loin derrière les Etats-Unis avec 58%). Pour bénéficier à l’économie française, la relance de la défense allemande est conditionnée à i) la substitution d’importations américaines, en sachant que la concurrence américaine reste incontournable dans de nombreux secteurs de la défense et que la concurrence européenne reste par ailleurs forte et ii)à la capacité de l’industrie française à répondre à cette hausse de la demande, dans un contexte de taux d’utilisation des capacités de production proche de son maximum et de pénuries de main d’œuvre dans le secteur. Nous estimons que le paquet législatif (infrastructures et défense) voté par le Parlement allemand pourrait augmenter la croissance française de l’ordre de 0,2% à horizon deux ans. Nous révisons donc notre scénario de croissance à 1,0% en 2026 pour la France (+0,1 pp, en prenant également en compte un impact négatif des tarifs douaniers américains), après +0,7% en 2025.