Effets à long terme de la Covid-19 : une approche comptable de la croissance
Les retombées économiques de la pandémie devraient se faire ressentir pendant longtemps et largement au-delà de l ’ homologation d ’ un vaccin et de la levée de l ’ ensemble des mesures de confinement par les différents gouvernements. Nous voyons trois canaux au travers desquels la pandémie aura laissé des « cicatrices » dans l ’ économie. Premièrement, l ’ augmentation de la dette des entreprises et la perception d ’ une montée des incertitudes pourraient peser sur l ’ investissement, et ce indépendamment des perspectives conjoncturelles globales. Deuxièmement, une augmentation du nombre d ’ entreprises « zombies » pourrait limiter les gains de productivité. Enfin, les fermetures des écoles et des universités auront un impact néfaste sur le niveau d ’ instruction des promotions qui entreront sur le marché du travail au cours des prochaines années. Nous partons d ’ une approche dite « comptable » de la croissance afin d ’ estimer approximativement l ’ impact dépressif de chaque facteur sur l ’ orientation de l ’ activité dans les pays de l ’ UEM4. Plus précisément, nous élaborons un scénario de la limite inférieure dans lequel la pandémie aurait un effet fortement négatif. La croissance tendancielle convergerait alors vers zéro d ’ ici 2025 en France et en Espagne, tandis qu ’ elle deviendrait négative en Allemagne. L’activité serait même fortement négative en Italie. Au-delà des effets négatifs de la pandémie, ces résultats sont également le reflet des tendances démographiques défavorables, notamment en Allemagne et en Italie. Selon nos simulations, les perspectives à moyen terme pour l ’ Europe pourraient être sombres. De fait, notre modèle souligne également la nécessité de mettre en place des réformes structurelles pour contrer ces effets dépressifs. Le programme européen « Next Generation EU » constitue une bonne occasion de s ’ engager sérieusement dans un tel processus.