Est-ce que créer des emplois peu sophistiqués et mettre en place des politiques redistributives importantes suffira à assurer la stabilité sociale ?

La première évolution centrale dans les pays de l’OCDE est la bipolarisation du marché du travail : les emplois intermédiaires disparaissent au profit (un peu) des emplois très qualifiés et (beaucoup) des emplois de services domestiques peu sophistiqués. La perspective n’est donc pas celle du chômage de masse mais celle d’un chômage faible obtenu par des créations importantes d’emplois peu sophistiqués avec un salaire faible. La seconde évolution est alors celle des politiques redistributives ; si la dynamique spontanée est celle de la bipolarisation, donc de la création de beaucoup d’emplois versant des salaires faibles, on peut compenser les effets de cette dynamique sur les inégalités de revenu par des politiques redistributives de grande taille (comme on le fait en France par exemple). La question que nous posons est alors la suivante : si l’évolution à venir dans les pays de l’OCDE est l’obtention du plein emploi par la création d’emplois peu sophistiqués, mal payés, associée à des politiques redistributives de grande taille, évite-t-elle l’instabilité sociale ? Même si le taux de chômage est faible et les inégalités de revenu réduites par les politiques redistributives, il reste la déqualification des salariés, qui doivent accepter des emplois moins sophistiqués que ceux que leur niveau d’éducation devrait leur permettre d’obtenir. La frustration qui résulte de cette déqualification peut suffire à générer l’instabilité sociale, même si les questions du chômage et des inégalités ont été traitées.