EUROBAROMETRES : UNE AUTRE CLE DE LECTURE D’UN POPULISME EN ESSOR

Au cours des dernières années, les partis populistes se sont progressivement imposés sur la scène politique des quatre grands pays européens, comme en attestent les sondages et leur poids croissant dans les parlements et les gouvernements nationaux. Bien que les élections européennes de la semaine dernière n’aient donné lieu à aucune « vague » populiste, le populisme restera selon tout vraisemblance une caractéristique déterminante du paysage politique européen. A la lecture des sondages de l’Eurobaromètre dans les quatre grands pays européens (Allemagne, France, Italie, Espagne), on constate que les discours des partis populistes ont bel et bien réussi à s’aligner sur les préoccupations de l’opinion publique sur un ensemble de questions économiques, culturelles et politiques. On remarque également une certaine défiance envers les institutions européennes actuelles, qui étaient dominées par les partis traditionnels (conservateurs et socio-démocrates). Cette défiance pourrait avoir profité aux partis populistes qui ont acquis une stature d’alternative crédible aux partis traditionnels . En revanche, il n’y a pas de désaveu massif du projet européen en tant que tel qui sug gé rerait que les populistes puissent contester le projet européen d’une manière plus substantielle. L’analyse de ces sondages renforce donc notre point de vue selon lequel la montée des partis populistes aux élections européennes pouvait être substantielle sans pour autant produire de majorité . De plus, derrière le terme « populiste » se cache une nébuleuse de partis dont les orientations antagonistes empêchent la création d’un bloc commun au Parlement Européen . L e renforcement des partis populistes pourra it néanmoins ralentir le processus législatif européen et influencer la nomination des dirigeants européens aux postes clefs des institutions européennes (président s de la Commission Européenne, du Parlement Européen, de la BCE et du Conseil Européen…).