Le rôle fondamental depuis 20 ans de l’austérité salariale dans les pays de l’OCDE
Dans la grande majorité des pays de l’OCDE (avec l’exception notable de la France et de l’Italie), la flexibilisation, la libéralisation, des march é s du travail, a conduit depuis les années 1990 à la déformation du partage des revenus au détriment des salari é s, à l’augmentation des inégalités et de la pauvreté. Mais ce qu’on peut appeler l’« austérité salariale » a jou é ensuite un rôle majeur dans l’évolution des économies des pays de l’OCDE : avec la faiblesse des salaires, faiblesse de l’inflation ; avec la faiblesse de l’inflation, maintien de taux d’intérêt très faibles par rapport à la croissance ; avec cette taxation des épargnants, possibilité de mener des politiques budgétaires très expansionnistes conduisant à une forte hausse des taux d’endettement public (sauf dans quelques pays qui ont rejeté cette facilité comme l’Allemagne). La taxation des épargnants semble moins co û teuse pour assurer la solvabilité budgétaire que d’autres formes de restriction budgétaire. Le choix de l’austérité salariale a donc façonné depuis 20 ans l’équilibre économique des pays de l’OCDE. Il conduit aujourd’hui à des débats très importants sur le rôle de la politique budgétaire. Il conduit aussi à plusieurs risques graves : celui d’une crise sociale et politique en raison de la faiblesse anormale des salaires et de la hausse des inégalités ; il y a beaucoup de perdants à cette politique : les salari é s et les épargnants ; celui des effets potentiellement déstabilisants de taux d’intérêt durablement an ormalement bas : bulles sur les prix des actifs, apparition « d’entreprises zombies », affaiblissement des banques ; celui de la sortie de l’austérité salariale, qui conduirait à la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, et pourrait déclencher une crise de la dette après une longue période d’accumulation de dette à des taux d’intérêt très faibles.