Quelles sont les implications macroéconomiques du virage européen de la défense ?

Le 4 mars 2025, la Commission européenne a lancé l'initiative " ReArm Europe" , un plan visant à mobiliser environ 800 Mds € pour bâtir une Europe plus sûre et résiliente. Le projet se décline en plusieurs volets, susceptibles de créer une marge de manœuvre budgétaire substantielle, estimée à 650 milliards d'euros sur quatre ans. Parallèlement, un nouvel instrument de prêts de 150 Mds € serait mis en place pour soutenir des investissements dans des domaines stratégiques tels que la défense aérienne et la cybersécurité. L’Allemagne vit-elle un changement de paradigme en matière de dépenses publiques ? Le futur chancelier allemand, F. Merz a annoncé le 4 mars un paquet législatif visant à augmenter considérablement les dépenses de défense (exemption au frein à la dette de toutes les dépenses de défense dépassant 1% du PIB) et à investir massivement dans les infrastructures (500 Mds € sur 10 ans). Une première estimation de ces mesures – qui feront l’objet d’une publication plus détaillée - conduit à une hausse du déficit allemand de l’ordre de 1 pp cette année, et de 2 à 2,5 pp en 2026 et 2027, en fonction de l'utilisation des fonds ( c f. Paradigm shift in European defence pour notre vue sur les taux ). Plusieurs leviers sont mobilisables pour financer un effort supplémentaire en faveur de la défense : i) les emprunts nationaux, avec des marges de manœuvre limitées pour de nombreux pays à l’exception de l’Allemagne ou des Pays-Bas, ii) l’emprunt auprès d’institutions européennes existantes comme le MES ou la BEI iii) la mobilisation d’instruments supranationaux, soit via la réorientation de programmes existants, soit via le lancement d’un nouveau programme d’émissions, cette voie étant plus incertaine car nécessitant l’unanimité du conseil de l’UE, l’approbation du Parlement européen et la ratification par tous les parlements nationaux. …