Toujours associer l’analyse de la balance courante à celle des flux de capitaux

On critique en général à la fois les pays qui ont des excédents extérieurs importants (comme l’Allemagne) et ceux qui ont des déficits extérieurs chroniques (comme les Etats-Unis). Les premiers sont accusés de ne pas s timuler suffisamment leur demande intérieure ; les seconds de menacer la stabilité financière du Monde en accumulant continûment de la dette extérieure. Mais l’analyse de l’excédent ou du déficit extérieur (de la balance courante) doit absolument être complétée par celle des flux de capitaux dans la balance des paiements du pays : l’excédent extérieur de l’Allemagne pose un problème, pas en tant que tel, mais parce qu’il n’est pas prêté aux autres pays de la zone euro et parce qu’il entraîne l’apparition d’investissements de la zone euro en obligations du Reste du Monde, peu utiles pour la zone euro et pour le Reste du Monde ; le déficit extérieur des Etats-Unis pose assez peu de problème tant qu’il est associé au rôle utile de « banquier du Monde » des Etats-Unis : le Reste du Monde investit massivement en titres sans risque aux Etats-Unis, les Etats-Unis financent des investissements risqués dans le Reste du Monde, et le solde de la balance courante est un petit solde entre ces deux flux de capitaux de grande taille. Aujourd’hui (depuis 2014) ce rôle d’intermédiation mondiale des Etats-Unis a disparu, ce qui conduit à s’inquiéter beaucoup plus du déficit extérieur des Etats-Unis.