NEGOCIATIONS SUR LA RESTRUCTURATION DE LA DETTE
La situation financière de Bourbon est catastrophique. La capitalisation boursière s'est effondrée au fil du temps et n'atteint plus que 144 M€ à comparer à une dette de 1,3 Md€ à laquelle s'ajoute 1,2 Md€ de crédit-bail (dont environ 1 Md€ auprès de la banque chinoise ICBC).
En janvier dernier, Bourbon annonçait avoir, avec ses créanciers (représentant 75% de la dette du groupe), renouvelé le waiver général, l'autorisant ainsi à suspendre l'exigibilité de ses loyers et de sa dette. Le 5 juin 2019, les principaux créanciers du groupe (comprenant notamment quatre institutions financières françaises (BNP Paribas, Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Natixis et Société Générale)) confirmaient le dépôt d'une offre soumise à conditions suspensives, valable jusqu'au 27 juin 2019, prévoyant l'apport de nouvelles liquidités à hauteur de 120 M€ et la conversion de plus de 1,4 Md€ (sur 2,7 Mds€) de dette du groupe en capital. Post-opération, l'ensemble des créanciers détiendraient 93% du capital (/fr/communiques-de-presse/les-principaux-creanciers-de-bourbon-confirment-leur-offre-de-restructuration-financiere-du-groupe-de-services-parapetroliers-896623817.html). La question du contrôle par les banques françaises ou par la banque chinoise post-opération se pose.
D'après la presse, le conseil d'administration aurait écarté certaines offres de fonds (Davidson, Centerbridge) et se garde le droit d'étudier toutes les offres en concurrence. Le conseil d'administration devrait se réunir ce 19 juin 2019.
A notre avis, en laissant 1,3 Md€ de dette post-restructuration, l'offre des créanciers ne permettra pas de poursuivre le plan de transformation annoncé et représentera un fardeau non soutenable à long terme comparativement à la capacité de génération de profit du groupe (sauf retournement extraordinaire du secteur). L'EBIT est en effet négatif dans les trois segments d'activités.
La dette bancaire repose sur des garanties fortes, principalement des hypothèques sur les navires, la valeur de liquidation serait donc relativement élevée comparativement à la dette et il est dès lors compréhensible que les créanciers veuillent prendre le contrôle du groupe et faire jouer la responsabilité des actionnaires, principalement celle de Jacques de Chateauvieux qui a mal géré le navire.
Il est à noter que la holding de contrôle, Jaccar Holding, est elle-même très endettée, ayant elle-même commandé des navires qu'elle espérait revendre au groupe par le passé et ayant lancé en 2014 une OPA à 24€ lui ayant permis de prendre le contrôle du groupe mais l'endettant significativement.
PROXINVEST AVAIT LANCE L'ALERTE SUR LES CONFLITS D'INTERETS DE JACQUES DE CHATEAUVIEUX ET LES CONVENTIONS REGLEMENTEES EN PARTIE A L'ORIGINE DE CETTE CATASTROPHE
Bourbon est d'autant plus en crise que la société a acquis un nombre très important de navires (483) dont le taux d'utilisation moyen n'est que de 52,2% en 2018. Ceci trouve notamment son origine dans un conflit d'intérêt majeur qu'avait dénoncé Proxinvest : le fait que le fondateur du groupe, Jacques de Chateauvieux, se soit associé au début du siècle avec Simon Liang (récemment arrêté par les autorités thaïlandaises et remis à la police chinoise) pour créer Sinopacific Shipbuilding Group, une société de construction navale qui avait repris deux chantiers alors très peu actifs en Chine, avec le projet de revendre une grande partie de ces navires à Bourbon qui devenait un client captif. L'accord-cadre de 2010 dans lequel Bourbon commandait 62 navires à livrer entre 2012 et 2014 pour environ un milliard d'euros a clairement alimenté en activité les chantiers de construction naval chinois propriété de Sinopacific et a conduit à une sous-utilisation alors que le marché se retournait peu d'années après. Cette convention réglementée à l'origine des problèmes du groupe fut votée lors de l'AG 2011 à 84% des voix malgré la non-participation de Jaccar au vote. Encore une fois, Proxinvest se retrouvait seul avec ses clients pour dénoncer cette convention réglementée majeure et recommandait de voter contre en notant "depuis plusieurs années, la société confie la construction de certains de ses navires à des filiales de Jaccar, holding personnelle de Jacques Chateauvieux, PDG de Bourbon (Sinopacific, Piriou, West Atlantic Shipard, SEAS, Crownship), au total, plus d'une centaine de navires pour un montant de près de 2 Milliards d’euros presque deux fois le chiffre d’affaires 2010 de Bourbon, Jacques de Chateauvieux poursuivant ainsi un projet personnel de construction navale pour partie étranger aux intérêts des seuls actionnaires de Bourbon. Les conventions placées au rapport spécial confirment cette impression de divergence même si le plan vise à faire du Groupe Bourbon « le leader mondial des services maritimes offshore », on peut craindre que les constructeurs bénéficiaires de ces opérations seront des filiales de Jaccar (notamment Sinopacific) tandis que Bourbon supporte le risque lié à l’investissement. "
Proxinvest avait vu juste, les actionnaires de Bourbon ont bel et bien supporté le risque lié à l'investissement dans ces navires et la société Bourbon est obligée dès 2013 de mettre la priorité au désendettement, victime de son surinvestissement massif.
Bien sûr, la conjoncture sectorielle n'a pas joué en faveur de Bourbon, mais il reste difficile de considérer que le conflit d'intérêt majeur de Jacques de Chateauvieux ne l'a pas quelque part influencé dans ce choix stratégique suicidaire de 2010 qui laisse la société exsangue financièrement.
Quelques années plus tard, Proxinvest avait été particulièrement actif pour faire avorter un projet de rachats d’actifs gaziers en 2016 auprès de Jaccar qui était particulièrement endettée et sans information tangible sur les conditions financières (/?p=3480), opposition qui nous avait valu une réponse enflammée de Jacques de Chateauvieux sur les modalités de son assemblée générale ( /wp-content/uploads/2016/05/Rep_Bourbon_Proxinvest_2016.pdf ).
OPPOSITION AU RENOUVELLEMENT DU MANDAT D'ADMINISTRATEUR DE JACQUES DE CHATEAUVIEUX
La dilution des actionnaires au sortir de la probable opération de restructuration et la prise de contrôle par les créanciers présentée ci-dessus sont très probables. La situation financière très négative et la ruine corrélative des actionnaires ne fait que confirmer les craintes que nous exprimions à l'époque sur les risques liés au conflit d'intérêt du principal dirigeant actionnaire. Le renouvellement de Jacques de Chateauvieux qui est proposé à l'ordre du jour de l'assemblée générale constitue l'opportunité pour les actionnaires d'exprimer leurs inquiétudes (résolution 5).
CONSEQUENCES SUR L'EMPLOI
Le retournement du secteur conjugué aux erreurs de management passées ont déjà conduit à une réduction importante des effectifs (14 000 en 2014, 8 400 aujourd'hui).
Bourbon provides offshore oil and gas marine services to clients worldwide, a range of vessels and subsea services. Co. provides its clients with marine resources and equipment and offers them integrated contracts which include: the provision of IMR vessels and underwater robots operated by Co.'s personnel, as well as engineering and management services. Co. is structured around two divisions: Marine Services and Subsea Services. Marine Services provides vessels for exploration, development and production of fields in continental and deepwater offshore. Subsea Services uses Co.'s vessels in installation, inspection, maintenance and repair operations for deepwater offshore facilities.
Founded in 1995, Proxinvest is an independent proxy firm supporting the engagement and proxy analysis processes of investors. Proxinvest mission is to analyse corporate governance practices and resolutions proposed at general meetings of listed firms.
Proxinvest main services are :
Proxinvest has been a pioneer and champion of good corporate governance and has grown into a recognised expert in the field.
Proxinvest is independently-owned and only works for investors : Proxinvest does not provide consulting services to the companies it covers, mitigating related risks to its clients and ensuring the independence of our analysis. As a result Proxinvest is able to take a robust, independent, engaged and unconflicted view of the companies in which our clients invest.
As Managing Partner of Expert Corprate Governance Service Ltd (ECGS), Proxinvest has built a large network of corporate governance experts to support clients in corporate governance analysis worldwide.
Unfortunately, this report is not available for the investor type or country you selected.
Browse all ResearchPool reportsReport is subscription only.
Thank you, your report is ready.
Thank you, your report is ready.